Aujourd' hui je n' ai rien à dire , je suis
trop vieux pour pouvoir encore trouver matière intéressante et mes
dires ne peuvent être que banals (le pluriel banaux étant réservé aux
fours banaux du moyen - âge, j'admets cependant que le "aux" sonne mieux
que le "als"). Rien à
dire de fondamental, donc m'en tenir plutôt qu' au fond de ma pensée (plutôt qu'au "fonds" avec un "s" je n' en ai qu' un petit),
à la forme, et je le dis et je le répète et j'insiste pour le plaisir
de la "polysindète" qui comme tout le monde le sait est la répétition
voulue d'un lien de coordination et non une lourdeur de style. Le
contraire de la polysindète est la "disjonction" qui consiste à ne pas
répéter un terme dont dépendent plusieurs autres, ce que je pratique en
disant que j'espère qu'on peut apprécier, aimer, désirer me lire
(économie de deux
"qu'on"). On naît, on apprend, on mémorise, on sait, on affirme, on pontifie,
on vieillit, on s'assagit, on doute, on raille, on rit et puis le rire
se crispe et on se tait, mais...Jacques Brel l' a chanté "Les vieux ne
parlent plus ou alors seulement parfois du bout des yeux", cette forme
littéraire qui fait, en fin de phrase parler du bout des yeux, c'est,
dis-je (proposition incise), une
"substitution". Je
suis un vieux très sentimental, j'aime dans les mots
leur rythme et leur musique, je pleure aux "sanglots longs des vi-o-lons
de l'automne" en précisant, là c'est fondamental, que cette division
d'une syllabe en deux sons distincts a pour nom
"diérèse". On n'en sait jamais trop pour parler quand on n'a rien à
dire.
Complément : cette "diérèse" qui permet de bien faire sonner les
alexandrins est un membre de la grande famille des "métaplasmes",
(altérations de
mots).
D'autres membres de la même famille
?
"Maîtresse, M'dame, I fait rien qu'à m'embêter", un phonème est
supprimé en début du mot "Madame", ça s'appelle une
"aphérèse".
Et quand le président (un ancien) délivre ce message " Casse-toi, pauv' C...",
ce n'est pas une injure grossière mais seulement une "apocope" car le
phonème est supprimé à la fin du mot. Et si on le supprime au milieu du
mot, alors c'est une "syncope" mais je la sens venir, alors j'arrête là - excusez-moi, aujourd' hui je ne savais vraiment pas quoi dire- alors c' est vraiment n' importe quoi.
vendredi 16 février 2018
Destin et ange gardien 3
Laon - 1945 - J' étais élève de l' Ecole normale d' instituteurs de Laon. On nous proposa une visite de la cathédrale avec accès à l'intérieur des tours aux endroits habituellement hors visite. Nous étions un petit groupe, une quinzaine peut-être avec un guide qui nous emmena dans le haut des tours. Bonne visite, intéressante car dans des endroits habituellement fermés aux visiteurs et voilà que me vint une idée géniale : confectionner vite fait un petit avion en papier et suivre sa trajectoire dsur la ville depuis une altitude 70 mètres.Je suis resté à l' arrière du groupe et je me suis avancé dans une ouverture - créneau sous corniche - et très près du vide j' ai lancé mon avion mais je n' avais pas prévu que à cause de l' épaisse mousse verte qui tapissait le sol mes deux pieds allaient glisser et m' entraîner vers l' extérieur à la suite de l' avion. Je me suis senti partir et par un geste réflexe j' ai lancé mes deux bras vers l' arrière où ils se sont refermés sur je ne sais quoi, une gargouille peut-être et j' ai pu ramener lentement avec précaution mes deux pieds en arrière. Une peur affreuse,une énorme sueur froide en imaginant ce qu' aurait été un plongeon de 70 mètres, les réflexions qui seraient venues pendant la descente et l' affreux contact avec le sol. J' en frémis encore. Je rejoignis le groupe et je n' ai surtout rien dit à personne. Je sais maintenant ce qui a retenu mes bras, c' était mon ange gardien.
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