Aujourd' hui je n' ai rien à dire , je suis
trop vieux pour pouvoir encore trouver matière intéressante et mes
dires ne peuvent être que banals (le pluriel banaux étant réservé aux
fours banaux du moyen - âge, j'admets cependant que le "aux" sonne mieux
que le "als"). Rien à
dire de fondamental, donc m'en tenir plutôt qu' au fond de ma pensée (plutôt qu'au "fonds" avec un "s" je n' en ai qu' un petit),
à la forme, et je le dis et je le répète et j'insiste pour le plaisir
de la "polysindète" qui comme tout le monde le sait est la répétition
voulue d'un lien de coordination et non une lourdeur de style. Le
contraire de la polysindète est la "disjonction" qui consiste à ne pas
répéter un terme dont dépendent plusieurs autres, ce que je pratique en
disant que j'espère qu'on peut apprécier, aimer, désirer me lire
(économie de deux
"qu'on"). On naît, on apprend, on mémorise, on sait, on affirme, on pontifie,
on vieillit, on s'assagit, on doute, on raille, on rit et puis le rire
se crispe et on se tait, mais...Jacques Brel l' a chanté "Les vieux ne
parlent plus ou alors seulement parfois du bout des yeux", cette forme
littéraire qui fait, en fin de phrase parler du bout des yeux, c'est,
dis-je (proposition incise), une
"substitution". Je
suis un vieux très sentimental, j'aime dans les mots
leur rythme et leur musique, je pleure aux "sanglots longs des vi-o-lons
de l'automne" en précisant, là c'est fondamental, que cette division
d'une syllabe en deux sons distincts a pour nom
"diérèse". On n'en sait jamais trop pour parler quand on n'a rien à
dire.
Complément : cette "diérèse" qui permet de bien faire sonner les
alexandrins est un membre de la grande famille des "métaplasmes",
(altérations de
mots).
D'autres membres de la même famille
?
"Maîtresse, M'dame, I fait rien qu'à m'embêter", un phonème est
supprimé en début du mot "Madame", ça s'appelle une
"aphérèse".
Et quand le président (un ancien) délivre ce message " Casse-toi, pauv' C...",
ce n'est pas une injure grossière mais seulement une "apocope" car le
phonème est supprimé à la fin du mot. Et si on le supprime au milieu du
mot, alors c'est une "syncope" mais je la sens venir, alors j'arrête là - excusez-moi, aujourd' hui je ne savais vraiment pas quoi dire- alors c' est vraiment n' importe quoi.
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