lundi 6 avril 2020

Souvenir de potache






Souvenir de potache et grosse émotion

    Un jeudi après-midi de 1943, avec un camarade on déambulait au hasard des rues de la ville de Laon et on vint à passer devant la "Kommandantur" siège du commandement allemand dans chaque ville. La guérite de la sentinelle de garde était bizarrement vide, le camarade se positionne (bêtement, ça va sans dire) à l' intérieur et prend la position figée qui convient, il sort, et à mon tour pour ne pas être en reste, je fais de même et singe la sentinelle, quand tout à coup je vois devant moi, une haute silhouette vert de gris, celle d' un officier allemand surgi de nulle part, qui me dit avec un fort accent :" Ket-eu  fou là ? "

panique, je bredouille, la pluie...s' abriter ... je me glisse lentement vers l' extérieur, je me fais mince  entre la guérite et l'uniforme, je parviens à sortir sous le regard pénétrant de       l'  homme qui ne riait pas du tout, et côte à côte, avec le camarade, on part lentement, l' allure dégagée, suivis des yeux par l' officier, jusqu' au prochain croisement, et à partir de là course éperdue à toutes jambes jusqu' au lycée où on arriva épuisés
.


Cette stupidité aurait pu entraîner des conséquences graves, passage à tabac ou pire encore,mais  l' homme a dû excuser une sottise de potache, je  l' en remercie encore, on ne peut pas confondre l' individu et le groupe. Mais, pas fini...

    

Le lendemain, j' arrive dans la salle d' étude, le surveillant me dit: "Tu dois aller chez le censeur, des gendarmes te demandent". Panique, ils m' ont identifié à la Kommandantur   qu' est-ce que c' est ? 
Entrée dans le bureau du Censeur, personnage glabre, froid, rigide, comme il sied à sa fonction. "JB, des gendarmes ont demandé à vous voir. Vous êtes sorti hier jeudi ? Oui, M. le censeur. Un gendarme en service
m' a dit connaître un de nos élèves, vous, il est votre correspondant, vous devez faire signer chez lui, à chaque sortie, votre bulletin de sortie. Oui...M. le censeur. Il s' est étonné de ne pas vous avoir vu depuis plusieurs semaines et pourtant j' ai là, je vous les montre, des bulletins signés. Confusion totale, bredouillage et aveu...oui, je les ai signés moi-même. S' ensuivit une leçon de morale et je fus amnistié, à condition bien sûr que ce soit la dernière fois. Oui, je m' y engage ...Merci M. le Censeur. "et soulagement, rien à voir avec la sottise de la guérite à sentinelle de la veille.

    

 Ce gendarme était originaire de mon village,  je lui avais demandé d être le correspondant chez qui je devais me rendre à chaque sortie (vraiment une autre époque), mais c' était loin et je n' aimais pas trop les gendarmeries, alors...


    Le jeudi suivant, je me rendis chez mon correspondant gendarme, bulletin en main, un peu circonspect, je fus accueilli par l' épouse " Vous ne vous rendez pas compte de votre comportement, imiter une signature et en plus...celle d' un gendarme...etc...etc..." (Sûr que celle d' un gendarme, j' admets que c' est fort coupable, celle d' un autre passe encore ...). Réaction à  l' adrénaline, sans en écouter davantage, je pris la porte et ne revint plus jamais. Mais, il me fallait redéposer chez le censeur le bulletin du jour, qui n' était pas signé. Qu' eussiez - vous fait ? Vous auriez comme moi imité encore une fois, la dernière, c' était juré (encore une fois), la signature du gendarme. Le censeur prit mon billet, vérifia qu' il était signé et homme intelligent admit pour véritable la signature en bas, sans manifester le moindre doute puisque j' avais promis de ne pas recommencer.


    Le jeudi suivant, je trouvai un autre correspondant, un tenant de bar qui était d' accord pour moyennant une petite consommation de temps à autre , déclarer sur papier être mon nouveau correspondant.


Je suis rétrospectivement encore tout ému

                              JB

   

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