Cependant la guerre s'amplifiait, je connus les bombardements de Laon, une destruction impensable, l'apocalypse en marche, la descente aux souterrains du lycée, calme cependant je n'ai jamais couru, les lendemains à aider au sauvetage de ce qu' on pouvait retirer des maisons éventrées, les énormes bombes non explosées qu'on allait visiter, les rails dressés, les wagons renversés. Et bizarrement je dirai qu'on s'y habitue très vite. De retour au village, on sortait pour écouter le passage des escadrilles de bombardement qui se dirigeaient vers l'écrasement total de l'Allemagne.
Les avions revenaient et se délestaient de leurs dernières bombes sur n' importe quelle cible, en l' occurrence, ce fut une péniche près du pont défunt. J' étais sorti pour voir passer les avions et regarder les petits nuages dessinés par l'éclatement des obus de DCA. Ce jour-là, ils passaient plus bas que d' habitude, juste au-dessus de nos têtes curieuses, certains habitants étaient dans les caves, j'avais choisi le spectacle direct et soudainement je vis se dessiner dans le ciel des traits noirs parallèles comme des flèches qui indiquaient le sol. Interrogation et stupéfaction, c'est pour nous.
dix, vingt, trente, tu vas mourir dans les instants qui viennent le corps criblé, percé, toute ma vie repassa en un instant sans résolutions pour si j'en réchappais, car je ne pouvais pas en réchapper et déçu de finir comme ça j'attendis la perte de conscience.
J' attendis et je réalisai soudain que je n' étais pas mort, étonnement, je me relève dans un nuage de poussière qui cachait en partie, à 20 mètres de là, pas plus, un énorme trou où on aurait pu placer une maison. Je revins quelque temps après contempler l' excavation, et la porte en tôle percée par les éclats de bombe à l' exception de l' endroit où je m' étais mis à genou, les trous dans la porte dessinaient presque ma forme, ils m' avaient entouré, ils m' avaient dessiné sur la porte, incroyable, un ange protecteur avait veillé sur moi. Les impacts sur mon dos, c' était de la terre et des pierres, pas du métal et je me dis que la vie était belle et que j' allais vivre pleinement ma résurrection.
Depuis ce temps, je crois à l' ange protecteur. JB
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