mardi 25 février 2020

Bonhomme 1 - Gros chagrin


   GROS CHAGRIN. 
Je venais tout juste d'entrer à la "grande école", 
j' arrivais de la Maternelle avec déjà un bon bagage, je savais lire car   
  j' avais bénéficié d' une méthode d' apprentissage d' une efficacité absolue.


Maintenant on discute sans fin. Syllabique purement mécanique,  B- A BA qui fait ânonner nos enfants,  P-A PA, PAPA, ça y est, il a lu PAPA mon petit génie en herbe mais sa lecture reste saccadée et il ne comprend pas trop ce qu' il lit.  Alors essayons la "globale" on le fait lire, et après quand il saura bien deviner ce qu'on lui propose à lire, alors on lui apprendra à lire. Risqué, Il croira tout savoir mais à l' approximatif et on fera un raté de mon bambin pourtant si intéressant et si j'osais le dire "surdoué", il portera toute sa vie ce lourd handicap. Un mélange des deux, peut-être...

 Ma méthode maintenant , celle du     " cheval de bois".
La maîtresse, elle s'appelait Thérèse - (curieux les souvenirs j' ai photographié la scène dans ma mémoire d enfant de quatre ans et je me revois courir dans la cour de l' école maternelle , la maîtresse faisant un pas pour m' éviter et moi de même d' où collision entre le gamin et la maîtresse), je disais donc que la maîtresse, Thérèse (et je me souviens aussi de son nom de famille ainsi que celui de la petite dont j' étais très amoureux à qui je donne la main dans la photo plus haut , le petit couple à gauche de la photo, elle s' appelait Michèle, fille de médecin elle était si belle et j' avais ressenti déjà qu' elle était inaccessible d' un niveau social plus élevé que moi - oui je m' en souviens vraiment) me faisait venir de temps en temps, pas seulement moi bien sûr je ne suis pas seul au monde, à son grand bureau là-haut sur une estrade, elle me montrait des lettres et des mots grand format, je répétais, j' enregistrais et quand c' était bien       j' avais droit à une séance  d' équitation sur le grand cheval de bois au fond de la classe.Le bonheur absolu (Le "pied" comme on dit maintenant, et j'ajoute,  à l' étrier).


Chaque progrès, une galopade (il était à bascule en plus) j'en ai fait des randonnées. Vous pensez si je savais lire  en rejoignant la grande école où je suis maintenant, le maître chargé de m'apprendre à lire, puisque je sais lire ça lui facilite la tâche, me prend en amitié et m'appelle "Bonhomme". Classement, à l'époque il fallait se situer les uns par rapport aux autres et honte au dernier même s'il n'y peut rien." Bonhomme" est le premier et ça dure, sauf une fois, et justement celle où le maître ayant récupéré quelque part un album pour collectionner les vignettes qu'on trouvait dans les tablettes de chocolat, le présente comme récompense suprême au premier Et ce mois-là, pour la première fois Bonhomme est deuxième. Drame, désolation, déception, ce bel album bleu, Bonhomme devenu vieux  le voit encore. 

Arrivée à la maison, présentation du cahier à la maman l' oeil humide. La maman compte, tant en calcul, tant en lecture, tant en je ne sais pas quoi .Ton maître  s'est trompé dans son addition, tu as un ou deux (je ne sais plus) points de plus. Joie indicible pas pour la fierté d 'être le premier, mais pour le merveilleux album qui allait me revenir. Bien que d'une timidité extrême, j'osai en parler au maître. M' sieur, ma mère (qui savait compter, je lui faisais confiance) elle a dit que je dise au maître ...Mais c'est vrai, Bonhomme et tu es le premier, je suis vraiment désolé. Oui M' sieur, mais l'album. -  Bonhomme, tu comprends que je ne peux pas le reprendre et je n'en avais qu'un seul, je pense que ça ne te fait rien, c'était pas grand' chose -  Non, M'sieur, tant pis, ça ne me fait rien du tout.  Désespoir total, j'en ai les larmes aux yeux en l' écrivant.



PS. Une dame de Charly après lecture de mon blog m'  a fait parvenir un vieil album retrouvé du chocolat Menier  (et non Meunier). Mille mercis.
                                           JB


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