J' ai raconté mes efforts pour quitter mon
beau village et j' en étais arrivé à ma convocation chez l' Inspecteur
et son offre guère négociable d' assumer la naissance d' un Cours
complémentaire, ébauche d'un futur Collège dit d' enseignement général
ou CEG qui remplacera le Cours dit Complémentaire deux ou trois ans
après, la construction des locaux n' étant pas encore réalisée.Déjà en
début de carrière une offre analogue m' av ait été proposée.
Je
raconte. La guerre est
finie, l' Ecole Normale de nouveau ouverte,fini l' Etat
français, on retrouve notre bonne vieille
République, la quatrième, née en octobre 1946,
défunte en octobre 1958. Année de formation professionnelle, stages
dans toutes les sortes de classes à un cours ou à tous cours, sauf une
classe manquée à cause des marches qui se précipitent par centaines de
la ville haute (Laon) à la ville basse ( où est la gare), on descendait
par deux marches à la fois pour aller plus vite je voulus améliorer ma
performance par des sauts de trois en trois marches, ce qui me fait
évoquer le père de Montaigne qui à 60 ans " ne montait guère en sa
chambre sans s'élancer trois ou quatre degrés à la fois", entorse
possible, entorse probable, entorse réussie, journée dure à Tergnier,
retour pénible sur gros pied et 10 jours de prélassement, seul, bien
tranquille en immersion dans la pédagogie théorique.
L' année passe, je suis
appelé chez le Directeur qui m' avait déchu de mon titre de responsable -
major, au profit d' un camarade jugé plus fiable par le chef (influencé
je crois par un compte-rendu accusateur de mes démêlés avec les
dirigeants du lycée d' où je venais)- JB, je vous propose une
affectation pour la rentrée - oui, M. le Directeur - je vous ai fait
nommer à ...long temps d' arrêt pour ménager les effets, je vous ai fait
nommer à ...Charly sur Marne, votre village natal. - Merci, Monsieur le
Directeur - mais ravissement mitigé, j' ai là-bas des plus ou moins
amis qui plus en avance que moi ont déjà participé au repeuplement de la
France, des conflits ou jalousies (pour ma supposée grosse paye de
fonctionnaire et mon métier présumé si relaxe) sont à prévoir et j'
aurais préféré un confortable anonymat. Bon - on fera avec - et encore
tous mes
remerciements.
J' entasse dans une seconde valise tous les spécimens gratuits
dont nous avaient dotés les grandes maisons d' édition scolaire, Hachette,
Nathan, Hatier, Vuibert, Sudel, Bordas, Delagrave, Dunod, Magnard,
etc...(gros ventre de la valise) qui nous aidaient grandement dans nos
débuts. Je range dans un tout petit portefeuille le petit, tout petit
pécule qu' on nous a remis pour nous permettre de débuter dans la vie,
et en route vers la vie active
Et vers mes parents presque fiers s' ils l'
avaient osé, de leur fils qu' ils croient supérieurement intelligent
(prestige à l' époque de la noble fonction enseignante). Tu vas loger
chez nous, tu dépenseras peu et je voyais déjà se profiler sur mon
horizon une belle petite 4CV Renault, la merveille de l' époque, le
rêve entrevu réalisable.
J' allai voir le Directeur de l' école, nous
nous connaissions et apprécions bien, tout était pour le mieux et je
vivais en joie les derniers beaux jours de septembre, confiant en mon
radieux avenir, quand, mon père en même temps notre facteur, vint et me
tendit une enveloppe à cachet officiel de l' Inspection académique, une
confirmation de l' emploi sans doute, on ouvre, et comme pour Perrette
et son pot au lait, encore une fois tout dégringole, confort familial,
voiturette, tout remis en question...
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