jeudi 20 février 2020

Jeune adulte 1

    J' ai raconté mes efforts pour quitter mon beau village et j' en étais arrivé à ma convocation chez l' Inspecteur et son offre guère négociable       d' assumer la naissance d' un Cours complémentaire,  ébauche d'un futur Collège dit d' enseignement général ou CEG qui  remplacera le Cours dit Complémentaire deux ou trois ans après, la construction des locaux         n' étant pas encore réalisée.Déjà en début de carrière  une offre analogue m' av ait été proposée. 

Je raconte. La guerre est finie, l' Ecole Normale de nouveau ouverte,fini    l' Etat français, on retrouve notre bonne vieille République, la quatrième, née en octobre 1946, défunte en octobre 1958. Année de formation professionnelle, stages dans toutes les sortes de classes à un cours ou à tous cours, sauf une classe manquée à cause des marches qui se précipitent par centaines de la ville haute (Laon) à la ville basse  ( où est la gare), on descendait par deux marches à la fois pour aller plus vite  je voulus améliorer ma performance par des sauts de trois en trois marches, ce qui me fait évoquer le père de Montaigne qui à 60 ans  " ne montait guère en sa chambre sans s'élancer trois ou quatre degrés à la fois", entorse possible, entorse probable, entorse réussie, journée dure à Tergnier, retour pénible sur gros pied et 10 jours de prélassement, seul, bien tranquille en immersion dans la pédagogie théorique.

 L' année passe, je suis appelé chez le Directeur qui m' avait déchu de mon titre de responsable - major, au profit d' un camarade jugé plus fiable par le chef (influencé je crois par un compte-rendu accusateur de mes démêlés avec les dirigeants du lycée d' où je venais)-  JB, je vous propose une affectation pour la rentrée - oui, M. le Directeur  - je vous ai fait nommer à ...long temps d' arrêt pour ménager les effets, je vous ai fait nommer à ...Charly sur Marne, votre village natal. - Merci, Monsieur le Directeur -  mais ravissement mitigé,  j' ai là-bas des plus ou moins amis qui plus en avance que moi ont déjà participé au repeuplement de la France, des conflits ou jalousies (pour ma supposée grosse paye de fonctionnaire et mon métier présumé si relaxe) sont à prévoir et  j' aurais préféré un confortable anonymat. Bon - on fera avec - et encore tous mes remerciements. 

J' entasse dans une seconde valise  tous les spécimens gratuits dont nous avaient dotés les grandes maisons d' édition scolaire, Hachette, Nathan, Hatier, Vuibert, Sudel, Bordas, Delagrave, Dunod, Magnard,  etc...(gros ventre de la valise) qui nous aidaient grandement dans nos débuts. Je range dans un tout petit portefeuille le petit, tout petit pécule qu' on nous a remis pour nous permettre de débuter dans la vie, et en route vers la vie active

 Et vers mes parents presque fiers s' ils l' avaient osé, de leur fils qu' ils croient supérieurement intelligent (prestige à l' époque de la noble fonction enseignante). Tu vas loger chez nous, tu dépenseras peu et je voyais déjà se profiler sur mon horizon une belle petite 4CV Renault, la merveille de     l' époque, le rêve entrevu réalisable. 

J' allai voir le Directeur de l' école, nous nous connaissions et apprécions bien, tout était pour le mieux et je vivais en joie les derniers beaux jours de septembre, confiant en mon radieux avenir, quand, mon père en même temps notre facteur, vint et me tendit une enveloppe à cachet officiel de     l' Inspection académique, une confirmation de l' emploi sans doute, on ouvre, et comme  pour Perrette et son pot au lait, encore une fois tout dégringole, confort familial, voiturette, tout remis en question...

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