samedi 5 juin 2021

Beau village 16

     J' ai parlé hier de la région des Causses où mon épouse fit ses premiers pas de pédagogue, je vais aujourd' hui faire un petit arrêt sur ces immenses plateaux en altitude creusés par l' eau en  trous immenses, les avens tel celui de Padirac si grand qu' il pourrait contenir la cathédrale de Paris, le Tarn qui petite rivière, mais grande patience se comptant en millions      d' années, notre vie vraiment n' est rien, a su creuser son lit entre deux immenses falaises de craie.  Et puis, vers l' est, changement total, on aperçoit la Corniche des Cévennes et sa ligne de crête rose - violette sur laquelle court une route d' altitude, en bas parallèlement, la route  suit les rivières  qui ont creusé leur chemin dans une nature différente, on est dans les pays du schiste, cette espèce de pâte feuilletée, roulée, repliée, torturée, soumise à toutes les souffrances par les pressions et les feux de la terre. Il ne s' agit pas d' ardoise, la roche est plus épaisse et le feuilleté moins fin,  mais si belle souvent avec ses reflets mordorés, elle recouvre les toits en plaques toutes  différentes, on les appelle les "lauzes", toitures si lourdes qu' aucun ouragan ne saurait les emporter, posées sur de solides poutres de châtaignier, on arrive là à l' autre spécialité de la région, ces arbres primordiaux dans la vie rustique encore des habitants. Je reviens à ma femme qui quand elle était élève côtoyait les filles cévenoles , internes, qui toutes avaient été munies par leur mère en cette période de restrictions alimentaires si dures, d' une provision de châtaignes, avec leur peau, cuites à l' eau. Fruit précieux dans ce dur pays en équilibre dans  les pentes que savent gravir les chèvres, la châtaigne est la base de l' alimentation de tous, gens, et bêtes comme  le ou les porcs de la famille. Autre caractéristique, on est en pays protestant, ma femme dit que dans un village, elle était la seule catholique (tout au moins par le baptême sinon par la pratique ou la conviction) avec le Receveur du Bureau de poste. Moins d' églises mais des temples. Le pays fut l' objet de violents affrontements en ces temps de totale intolérance religieuse où le prédicateur risquait les galères, où l' on procédait à des conversions forcées par les dragons, soudards envoyés par le roi et qui étaient autorisés à toutes les turpitudes chez les gens qui devaient les loger, jusqu' à signature de l' acte de conversion. De grandes révoltes en résultèrent comme celle des "camisards" et des tueries conséquentes. Les" protestants" ou "huguenots" officiellement partisans de la "Religion prétendue réformée"durent parfois enterrer leurs morts dans le jardin familial suite au refus d inhumation par le curé de la paroisse, par la suite on sépara parfois dans les cimetières les tombes des tenants de l' une ou l' autre des religions. A la suite des dragonnades et de la révocation de  l' Edit de Nantes en 1685,  plusieurs centaines de milliers de ces huguenots quittèrent la France.  Je voulais seulement situer l' endroit où ma femme exerça son métier, avant de continuer le récit de mon Itinéraire.

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