J' ai raconté qu' après six années dans
un beau village, las de faire plusieurs fois par jour la provision d'
eau à la source pas toute proche, nous avions décidé de le quitter, un
peu cependant à contre-coeur, le passage dans ce village était riche de
bien des souvenirs. Mon épouse obtint un poste à l' école maternelle
d' un chef - lieu de canton pourvu d' une belle grande école toute
neuve, j' avais opté afin de me rapprocher d' elle pour une école à tous
cours dans un village à quelques kilomètres de là. Et voilà que je
suis convoqué par l' Inspecteur au chef - lieu d' arrondissement, j' y
vais le jeudi suivant. Que me veut-il ? Je suis méfiant et pas décidé
cette fois à m' en laisser conter - Monsieur B - oui, monsieur l'
Inspecteur - j' ai votre dossier en main, vous êtes un excellent maître
- (oublié pour les promotions au choix pourtant) - Je le crois
effectivement M. L' I - Vous êtes fort en mathématiques, n' est-ce pas ?
Vous êtes un esprit scientifique ? - (Je me rengorge comme un coq) - Et
bien voilà, nous avons décidé d' ouvrir un Cours complémentaire à
...(justement le pays à la belle école) - tout est embryonnaire, on va
utiliser les locaux d' un vieil hospice désaffecté, le Directeur de l'
école des garçons assurera les matières littéraires et vous les matières
scientifiques, avec le même horaire de 30 heures que les classes
primaires et quelques surveillances, les entrées, les
sorties, l' interclasse de midi. On
ouvre deux classes, une sixième, le recrutement est déjà fait et une
cinquième ouverte aux élèves des villages voisins pourvus de leur
certificat d'études - le démarrage sera difficile, aucun matériel, mais
avec de la bonne volonté, ça doit réussir - vous serez deux pour ces
deux classes, l'un dans l' une, l' autre dans la seconde en alternance -
Bon, merci, je compte sur vous, je sais que je peux compter sur vous,
je connais votre conscience professionnelle - Tout à fait, M. l' I. OK !
La rentrée s' approche, je prépare le déménagement pour
lequel j' ai droit à une indemnité mais je dois présenter trois devis
différents, je les demande à un déménageur qui à lui tout seul me les
fournit immédiatement, Bravo! Un vrai Pro ! mais quelques jours avant le
départ j' apprends que l' institutrice que ma femme remplace refuse de
quitter son logement, et mon remplaçant est là à ma porte avec son
mobilier, lettre à l' inspecteur, entassement de mon déménagement
dans un couloir, heureusement mes parents habitent à 25 km seulement de
la nouvelle école, on se réfugie chez eux et on rejoint en bohêmes la
nouvelle affectation en attendant stabilisation de la situation. Tout s'
arrangera vite cependant. C' est la rentrée, j' ai
ressorti l' essentiel, c' est à dire les
vieux livres que j' avais récupérés dix années auparavant lors d' une
première affectation, manquée au dernier moment, en Cours Complémentaire
(Je raconterai bientôt). Je commence la première heure avec la classe
de sixième, mon vieux collègue près de la retraite et en même temps
Directeur de l' école primaire prend la classe de cinquième et on
alternera au fil des heures dans la journée, on ira dans une classe et
puis dans l' autre, lui le littéraire et moi le scientifique. Le
problème, c' est qu' il existe deux sortes d' enseignements, celui sans
matériel et celui avec matériel et je suis tombé sur la deuxième
catégorie. Je vais devoir, en plus de mes chères mathématiques,
enseigner la physique et la chimie, Quelques exemples, états de la
matière, pression atmosphériques, pesées, densimètres, alcoomètres,
leviers, dilatations, Mariotte, Gay-Lussac, Archimède et autres amis,
acides, bases et sels, oxygène, hydrogène etc... et encore
etc...problèmes de physique, équilibrage des réactions chimiques,
devoirs chaque semaine à rendre par les élèves. C' est très sérieux.
Mais je n' ai pas de garçon de laboratoire, ni de laboratoire, ni d'
endroit dédié. Alors je reprends les brocs de mes corvées d' eau, ça
recommence, je demande à ma femme ses saladiers pour en faire des
cristallisoirs, je récupère ça et là des tubes de verres que je
chaufferai pour les tordre et les rendre aptes à mes expériences, je
ressors le camping gaz que j' utilisais au beau village pour réchauffer
le lait, (déjà raconté), razzia dans la cuisine sur tout ce qui me
semble utilisable, j' ajoute des fils électriques, du fil de fer, des
pinces et des tournevis. Je retrouve une vieille caisse à munitions
récupérée en fin de guerre, il en traînait partout et pas toujours
vides, munie de deux barres latérales avec dégagement pour faciliter le
transport, j' y entasse cet ensemble hétéroclite kit du parfait
physicien- chimiste -électricien et je désigne deux porteurs qui
assureront chaque jour la manutention pour faire suivre la caisse d' une
classe à l autre, ils sont tout fiers de leur tâche, deux classes au
début, trois classes l' année suivante, puis quatre classes... et je
fais de l' oxygène pour activer les combustions, et je fais de l'
hydrogène pour faire voler des bulles de savon et je fais ...tout ce que
je peux faire avec pas grand' chose. La mairie me permet l' achat d' un
minimum de départ de produits chimiques. Et on s' habitue à cet
enseignement par caisse et arrosoir ballotés de classe en classe. Tout
cependant émanant d' une constante improvisation. Mathématiques, je
les ai toujours aimées, comme élève d' abord, car rien à apprendre, peu
d' efforts à fournir sinon remuer un peu ses méninges, et facile à
enseigner. Seul ennui les corrections des devoirs et l' obstination de
certains élèves à dire stupidement qu' ils n 'y comprennent rien suivis
par les parents qui s' en étonnent en disant "Mon gamin, il est pas plus
bête que les autres, il faut seulement savoir le prendre ..." Plus
tard quand le Cours complémentaire sera devenu un Collège, et moi un
professeur de ce collège, ce sera ma matière essentielle d '
enseignement. Physique, chimie, j' aime...cependant j' envie un peu
mon collègue qui initie ses élèves à la littérature, qui fait des
dictées et des conjugaisons... et peut arriver le matin avec une petite
serviette, la mienne est grande, je l' ai achetée exprès, on y trouve
tout, de la ficelle, des colles, des pinces coupantes, des coquillages,
des fossiles, des minéraux, et même un jour des escargots ou des oursins
...Je précise qu' il n' est pas question d' enseigner la physique ou la
chimie sans travaux pratiques, ce serait aberrant... Une création de
Cours Complémentaire, futur collège, à l' époque, c' était la
nomination de un ou deux professeurs, une recherche de local par la
mairie et allez-y débrouillez-vous, merci... par la suite on m' affubla du titre de "pilier du collège" - fierté - médaille - Un
exemple du sens du devoir à l' époque. La première année nous avions
deux classes communiquant par une porte, mon collègue directeur dut s'
absenter loin pour le décès de sa mère, il s' absenta deux ou trois
jours, on ne renvoya pas les élèves, je me suis tenu dans l' ouverture
de cette porte de communication et j' ai assumé les cours, tout seul,
simultanément aux trente-cinq ou quarante élèves de chaque classe,
français d' un côté en même temps que mathématiques de l' autre par
exemple, etc...et j' assurai la discipline, avec énorme fatigue
consécutive cependant. Prof simultané de 6ème et 5ème en toutes matières
avec 75 à 80 élèves et avec déjà quelques irrégularités cardiaques. Je
me souviens d' un jour où ayant assuré mes cours toute une journée avec
une fatigue extrême, le thermomètre consulté le soir indiqua 40°.
Physique - chimie - passe encore, il y a pire ! les sciences naturelles,
pas de leçon sans matériel non plus, j' installe un gros bac en verre
de récupération reste d' un vieil accumulateur, je commence l' élevage
des tétards de grenouilles qui adultes à chaque coup deviendront des
crapauds . Pour oxygéner l' eau, j' y ajoute des plantes aquatiques
prélevées dans la Marne ou dans des mares. Sur les rebords des fenêtres
je pose des boîtes pour y étaler des cotons humides sur lesquels je
sème des graines de lentilles ou de tout ce qui me tombe sous la main
aux fins d' étudier la germination. J' achète des moules ou des oursins,
je mets en attente des couleuvres dans le formol. Le dimanche chez mes
parents quand j' ai fini la correction des copies en retard, je fais
pour les prochaines leçons la chasse aux araignées, aux papillons, à
tous les insectes qui me tombent sous la main. Il faut suivre la nature,
les fleurs, les fruits, toujours en recherche. Demain je fais quoi ?
Obsession... Le souci me poursuit, que faire en première heure et puis
en deuxième et puis...et puis...et avec quoi vais-je le faire. Anxiété
permanente que je ressens encore, je ne m' en suis jamais totalement
remis. Le dimanche, j' aide parfois mon père à bêcher son jardin, je l'
ai toujours fait, en particulier en début de cette drôle de guerre où le
Maréchal ayant décrété la nécessité d' un "retour à la terre" la
municipalité mit à notre disposition quelques parcelles d' un bien
communal qu' il fallut défricher pour y faire pousser quelques légumes
sans lesquels on mourait de faim. Je fatigue fort, ,j' ai mal aux
reins, mais je suis heureux et je voudrais continuer à bêcher, l'
esprit au repos. La fatigue est bonne , il en résulte une plénitude
physique. La tête fatiguée, c' est un tourniquet de pensées
enchevêtrées. Physique, chimie, sciences naturelles (ça
s' appelait comme ça, maintenant ils ont trouvé d' autres noms plus
savants), ce n' est pas tout, le pire est à venir, c' est à moi que
reviennent les "travaux manuels" comme si ça ne suffisait pas et là je
commence à regretter mon beau village vers lequel je suis prêt à
repartir avec mes brocs. Les instructions officielles restent assez
vagues, disent en gros, qu' il ne s' agit pas d' apprendre des
techniques, mais de faire appel au sens créatif des enfants en utilisant
des matériaux simples qu' on peut se procurer facilement, facilement
ils disent, dans l' environnement. On me laisse totale liberté d'
improviser encore une fois. Bien sûr, j' ai décrypté, ça veut dire,
débrouille-toi. Alors, j' achète un sac de plâtre, je fais faire des
moulages de n importe quoi, des cartes de France en relief, je trouve
des moules pour y couler des nains de jardin, je demande à la mairie l'
achat de contre-plaqué, je récupère des morceaux de lames de scies à
métaux cassées, je fais découper des lettres en bois pour les petites
classes, je fais fabriquer des petits coffrets, des brouettes miniatures
décoratives, j' achète des placages de bois pour faire de la
marquetterie, je fais tordre artistiquement des gros fils de fer,
etc...etc...j' improvise, j' improvise encore, mais à la fin de l' heure
ils me laissent un local dans un désordre indescriptible, je devrai
revenir faire l' homme de ménage. J' y laisse aussi pas mal d' argent.
J' ai les filles également, alors, là c' est simple, ma femme qui a
suivi des cours pour un éventuel enseignement ménager ultérieur me donne
un gros dossier de réalisations diverses que je leur confie en leur
disant -montrez -moi que vous êtes capables d' en faire autant et même
mieux- Les filles sont très attachées à leur réalisations et sont très
souvent des élèves agréables, à part certes, quelques-unes. Je me
souviens d' une qui, pour je ne sais quelles difficultés personnelles
ou mentales, cherchait souvent à fuir l' école et que j' ai dû maintenir par l' avant-bras, un grande fille de 15 ans,
pendant la moitié d' un de mes cours pour ne pas avoir à courir derrière
elle au dehors de l' école. Je précise que de toute ma vie de prof, je
n' ai jamais fait un cours assis, toujours debout de l' un
à l' autre. En fin d' année, exposition des travaux et
vente pour récupérer quelque argent et acheter du matériel, une vraie
auto-entreprise. J' en reviens à ma femme qui avait un diplôme d'
enseignement ménager, quelques années après notre arrivée furent créées
des classes dites " d' enseignement ménager " pour occuper utilement
les grandes filles proches de l' entrée dans la vie active. Une
non-titulaire fut nommée puis le poste mis en compétition, ma femme
postula et fut refusée, la même personne plus jeune et moins qualifiée
conserva son poste. Sans commentaire. Finies mes récriminations ? Pas
tout à fait. Je suis également le professeur d' Education
physique, parfois j'abandonne ma caisse à munitions pour emmener la
classe sur un terrain pas loin, et je les fais courir, sauter sans
sautoir bien sûr, se baisser, se lever, et un et deux...et je reviens
vite pour l' heure suivante retrouver mes saladiers ou casseroles pour
un nouvel éveil scientifique chauffé au réchaud de camping. On doit
aussi donner des cours de dessin, mon collègue s' en
charge, dommage, ce serait reposant. Par contre on me charge des cours
de musique. Je n ai jamais appris la musique,
cependant j' ai toujours aimé et sans être un génie
musical, j' ai toujours su chanter un petit air rien qu' en voyant le
nom des notes. Je connais donc assez bien mon solfège, c ' est facile
autant que les mathématiques. Voici donc au collège un professeur de
musique autodidacte 100%. Mais pourquoi pas, soyons modeste, quand on a
le don. Les phonographes à ressort à manivelle commencent à être
remplacés par les électophones, le mien fera l' affaire avec les grands
78 tours, je l' apporte à ce Cours complémentaire qui commnence à
devenir un Collège. Plus tard, on introduira dans les écoles, les flûtes
à bec, en plastique ou de préférence en bois, de prunier par exemple,
instrument de peu d' étendue à son très approximatif difficile à
contrôler, il faut savoir doser le souffle pour obtenir un son
convenable à peu près juste et ne pas en sortir des crissements
horribles. Imaginez trente-cinq à quarante gamins dans un local avec ces
horribles sifflets. De quoi les rebuter à jamais
de l' apprentissage de la musique.
Plaignez le pauvre prof ! Je faisais des achats groupés de ces
instruments pour obtenir une remise de 10% à mes élèves qui oubliaient
parfois de me rembourser. Une élève de cinquième qui m' avait demandé
une flûte et à qui je fis plusieurs fois un rappel pour non- paiement,
après un de ces rappels, se leva, droite, et déclara à haute voix "Mon
père m' a dit : tu diras à Coco que sa flûte il peut..." je n' ai pas
bien compris ce qui suivait le "il peut", la parole fut accompagnée d'
un geste de la main très appuyé vers le haut et la fillette se rassit
très digne. Silence dans la classe. Quoi ? Qu' est-ce qu' elle a dit ?
Le élèves se tournent vers moi en incompréhension totale. Je suis
éberlué, mon esprit travaille à grande vitesse, je me redis le nom de l'
élève et je me souviens d' un lointain camarade d' enfance qui portait
ce nom et que mon prénom Jacques était pour les familiers devenu "Coco".
J' ai pensé, ça y est, tu es baptisé jusqu' à ta retraite, ils vont
tous s' en souvenir. Avec un regard circulaire et une mimique appropriée
j' ai fait comprendre aux autres élèves que ça ne voulait rien dire et
qu' on laisse tomber et qu' on recommence à souffler tous le plus fort
possible dans les flûtes et je n' ai jamais plus rappelé un non-paiement
de quoi que ce soit à qui que ce soit. Enfin, on nous construisit un
beau collège dit d' enseignement général, avec des armoires de
rangement, du matériel abondant, une salle spécialisée pour l'
enseignement des sciences, des caisses partout dont nous assurâmes
nous-mêmes l' ouverture tout à la découverte du riche matériel dont on
était doté. De jeunes collègues nantis d' un CAPES tout frais
arrivèrent, professeurs dits "certifiés" et nous fûmes vite très
nombreux. Moi, premier acteur de cette création je devins après plus d'
une dizaine d' années et des inspections spéciales pour une
pérennisation dans mes fonctions, "Professeur d' Enseignement Général de
Collège " (PEGC), on devait douter de moi, car ce fut long, on ne
pouvait pas cependant douter de mon expérience acquise à la force du
poignet, de l' imagination. et de la persévérance. La différence avec
les jeunes arrivants était que le PEGC devait, à la demande, assurer
deux matières d' enseignement, pour moi ce fut mathématiques, physique,
chimie, de la 6ème à la troisième, plus une option telle que dessin ou
musique ou travaux manuels, une autre différence fut aussi que nous
devions un nombre d' heures de cours plus élevé et que le traitement de
fin de mois était inférieur, selon le principe de travailler plus pour
gagner moins. Une autre différence était aussi que nous les PEGC étions
par notre origine, partie prenante dans la discipline, la surveillance
des cours ou des couloirs, alors qu' un véritable professeur ne se
sentait pas toujours concerné à la sortie de sa classe. On nous avait
promis un alignement en horaires de cours et en traitement en récompense
de nos efforts de pionniers, il ne vint jamais, on n' avait plus besoin
de nous, et je restai donc un "sous professeur" avec un "sous
paiement" et un "surservice" et une "sur implication" dans la vie de l'
établissement. Deux ans après l' ouverture, on
inaugura le beau collège, grande cérémonie ouverte par mon premier
collègue, retraité, devenu Maire, avec les inspecteurs, même ma femme
devenue Directrice de l' école de filles fut invitée, même les
gendarmes, le percepteur, toutes les personnalités du bourg et on but le
Champagne, un tas de monde fit ou écouta de beaux discours, tout le
monde se congratula pour cette belle réussite. On me l' a raconté car
moi la mairie oublia de m' inviter après m'
avoir donné à tout- va , sauf ce jour-là, le titre de "pilier du collège
" et je l' étais en effet, j' avais beaucoup porté sur mes épaules.
Oubli bizarre. Même l' inspecteur m' oublia, et oublia aussi ma note
professionnelle, je ne le vis plus. Après quelques années des cars
nous amenèrent des centaines d' élèves et bien sûr les locaux devinrent
trop exigus, on annexa au collège des bâtiments dits "préfabriqués"
absolument inchauffables, entre 0° et 5°certains matins d' hiver,
stoïques les élèves gardaient les manteaux et soufflaient sur leurs
doigts. A mes débuts, le recrutement des élèves était sélectif,
concours ou examen d' entrée en sixième, arrivée d' élèves munis du
Certificat d' études primaires , pas de problème de niveau dans les
classes très égales, pas de problèmes de discipline, respect du maître,
confiance des parents. Ensuite on remplaça cet examen trop difficile et
coûteux à organiser par une admission sur examen des cahiers ce qui
signifiait la porte grande ouverte et les classes devinrent de niveau
inégal avec des élèves à mon avis trop jeunes pour être entassés à 11
ans dans des autocars, il fallait et il faut encore, je l' affirme, une
année de plus à l' école primaire pour les laisser mûrir et s'
affirmer et ainsi les niveaux seraient différents. Je précise qu' on ne
m' a jamais demandé le moindre avis et que la Pédagogie a toujours été à
sens unique, Autorité vers exécutants. Autrefois on faisait redoubler,
on considéra le redoublement et la sélection précoces comme des erreurs
et on préféra créer des passerelles à différents niveaux ou des
enseignements parallèles. On préféra orienter vers des structures
diverses plutôt que sélectionner, on vit apparaître des classes " de
transition", des passages en fin de cinquième vers des classe dites
"préprofessionnelles de niveau" ou classe dites "ménagères". Une
orientation en fin de troisième vers l' enseignement classique long ou
court et parfois envoi de ceux qui posaient quelques problèmes vers les
collèges techniques comme si les techniques demandaient moins d'
intelligence. On créa des organismes d' orientation qui pouvaient
recevoir chaque élève, on discuta avec les parents, après des tests
complets pour aller vers la meilleure voie. Le principe était
certainement bon et les efforts de l' Education
nationale réels. Chaque élève avait sa chance. J' ai quitté le bateau
depuis longtemps et je sais qu' il tangue souvent, le monde a changé,
des problèmes sont apparus qui n' existaient pas à mon époque, ce n' est
plus la même école dont je suis un fossile à épingler sur le mur d' un
musée et je préfère fermer les yeux plutôt que regarder en arrière.
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