mardi 8 juin 2021

Beau village 13

 Mon adduction d' eau prend forme, les curieux affluent. Je vais trouver mon charron-forgeron que je charge de  fabriquer une belle plaque métallique destinée à couvrir le puits au niveau du sol. La plaque est posée mais elle n' a pas le poids d' une analogue en fonte,  alors la distraction est maintenant pour tous de soulever le couvercle afin de regarder le fond du puits. Je demande au charron de souder une patte et on installe un gros cadenas. Chose faite et le curé peut enfin rentrer chez lui en passant par - dessus le puits   Etape suivante, installer une canalisation  d' évacuation des eaux usées. On décide de suivre le mur de l école pour une descente en pente douce. C 'est jeudi, je suis là à encourager mes ouvriers et voilà qu on entend un gros cliquetis métallique -  Cri joyeux - J' ai trouvé un trésor - On se précipite on a déjà dans les yeux la vue d ' un gros tas de pièces    d' or.  La pioche a éventré une longue caisse en bois totalement délabrée, on ôte les débris de  de sa surface et apparaît  un amoncellement de grenades, de projectiles  à ailettes de bonne taille, une grosse collection impressionnante, diversifiée, de projectiles de guerre, de quelle guerre on  l' ignore et là n' est pas notre souci. Déception peut-être mais surtout grosse inquiétude. Que faire ? L'un des maçons prend  l' initiative d' extraire une à une les premières grenades,  il les pose dans un seau avec une délicatesse infinie dont je ne l 'aurais jamais cru capable . On est attentif , on approuve son initiative.  Il se relève, seau rempli à la main, recule et  d' un coup glisse des deux pieds, sur la terre mouillée, il tombe à la renverse de toute sa grande hauteur, on attend les explosions, une seconde on se croit tous morts  criblés d' éclats, puis on  éclate de rire, notre porteur de grenades est sur le dos, étendu de tout son long, mais son bras est resté  levé et maintient le seau bien vertical au-dessus de sa tête, par un réflexe de survie extraordinaire. J' ai encore la scène dans ma mémoire, tellement elle était cocasse, ce grand gaillard, son seau par dessus la tête demandant une aide immédiate.                                            On lui enleva son seau qu on reposa auprès de la caisse et je leur fis jurer de n' en parler à personne en rentrant chez eux, car eux partaient mais moi je restais  auprès des munitions, on décida de tenir bouche cousue jusqu' à trouver une solution. Ma femme et moi on ne dormit pas beaucoup attendant       l' explosion à chaque instant.J' étais correspondant du journal local mais je  m' abstins  de toute publication. Le lendemain j' avisai la gendarmerie et la sous-préfecture implorant l' envoi rapide de démineurs. J' avisai également mon inspecteur qui me recommanda d' éloigner les élèves quand les artificiers seraient là. Tiens, je n y aurais pas pensé tout seul ! On me donna comme consigne de ne laisser personne s' approcher, facile à dire, la nouvelle avait commencé à courir. J'attendis deux jours et deux nuits anxieuses, une voiture militaire vint, on laissa les artificiers dialoguer avec la caisse et le seau. Soulagement en les voyant disparaître avec leur butin  Alors, on est sain et sauf, c' est  l' essentiel, on reprend le travail, on continue la tranchée jusqu' au-dessous de la fenêtre de la cuisine pour emmener les eaux dans un puisard. Attendez, ce n' est pas fini, les réjouissances continuent...

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