vendredi 18 juin 2021

Beau village3

   Je continue mon histoire de poêles pour l' école avec l' appareil à mazout, c' est à dire à "fioul" dont le maire solidaire de mes difficultés a doté l' école. Reste l' approvisionnement en combustible. Muni d' un jerrican américain, survivant de la guerre, je vais au chef-lieu voisin pour ramener dix ou vingt litres de fioul dans ma voiture, car ça y est, j' en ai une, une belle "juvaquatre" de très vieille occasion dont je parlerai plus longuement un peu plus loin.

 Premier essai, oui, pas mal, ça sent un peu quand même, des parents ne tarderont pas à me le confirmer. La réserve est vite usée et je dois souvent faire la dizaine de kilomètres aller-retour pour le remplissage du bidon. On me conseille de faire l' acquisition d' un gros bidon de deux cents litres. Bonne suggestion. Au village voisin un commerçant pompiste m' est désigné comme fournisseur potentiel. Je lui passe  commande et il me livre le gros bidon. Oui, mais il faut un robinet pour extraire le précieux combustible, il a les fûts mais pas le robinet.

 Je n' ai pas de robinet, je ne peux pas puiser le mazout. Reprise des déplacements en juvaquatre et jerrican et demande de fourniture d' un robinet au mécanicien du chef-lieu. Il  n' a pas de robinet,  il ne peut pas me fournir de robinet. Désespoir, mais voilà que le curé de mon village est là envoyé par la Providence, il me questionne, compatit, quoi ? pas de robinet ? Je vais vous en trouver un, moi, de robinet. Il retrousse la soutane, grimpe sur le tas de vieux bidons, remue tout et revient les mains noires et la soutane mazoutée,  avec triomphalement, à la main, un robinet qu' il a dévissé sur un fût à l' abandon et que je prends volontiers après que mon nouvel ami  m' ait affirmé que le mécanicien ne serait pas ruiné pour autant. Formalités terminées, je reviens au village, avec l' absolution du Ciel pour le larcin, je visse mon beau vieux robinet et peux enfin utiliser mon stock de mazout, ou plutôt je crois pouvoir l'utiliser, car...ce n' est pas fini...

 Il est question maintenant de poêle, de voiture et de curé du village, tout est lié, l' histoire n' est pas finie, je vous raconterai tout. Pour le mazout, ça chauffe, c' est bien sauf  l' odeur, mais le fioul        qu' on m' a livré est du fioul "lourd" à grand coefficient de viscosité, mon fournisseur n' en a pas          d' autre, ce produit ne circule plus, quand il est à basse température, dans le système de distribution de l' appareil prévu pour des fiouls "légers", il est trop épais. Chauffage possible quand il fait chaud, cessation de chauffage dès qu' il fait froid, le paradoxe. Que faire ? Je remplis le jerrican, je le réchauffe sur la cuisinière de ma cuisine avec grande attention pour ne pas avoir à appeler les pompiers en urgence, et il en est ainsi  à chaque attaque du froid. Jamais je n' aurais pensé devoir chauffer du combustible. De plus, le poêle n' est pas adapté au réchauffage des gamelles. Alors, sans rien dire au maire, je récupère et réinstalle mon vieux poêle à bois et tout recommence comme avant le Progrès.

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