samedi 12 juin 2021

Beau village 9

  L' agitation du remembrement s' apaise peu à peu, on recommence à se parler entre voisins et en ce qui me concerne à transporter ma précieuse eau dans les brocs, quatre ou cinq fois par jour et ne me parlez pas des lessives car pas de machine à laver,  d' autant plus qu' il m' en  fallait encore  pour laver ma belle auto récente de vieille occasion et beaucoup pour le bébé qui est là-haut dans sa chambre. Une agréable fillette du village après son Certificat d' études brillamment conquis est venue, dans l' attente d' un meilleur emploi et pour un petit salaire s' occuper du bébé pendant les heures de classe, mal récompensée par l' enfant qui dès qu' il, ou plutôt qu' elle, put balbutier quelques mots, ce fut pour proclamer "Capie, Lucie, Capie Lucie..." Capie étant un diminutif de "Carapie" terme  de pays un peu agressif et qu' elle (bébé féminin, prénommée Marie-Hélène) avait peut-être entendu à sa propre encontre et en avait saisi toute la profondeur. L ' enfant est installé dans la chambre du haut et un jour   j' en vois descendre pendant les heures de classe une  femme, qui se dit assistante sociale après avoir en me voyant esquissé un mouvement de recul. Elle bafouilla être allée constater de sa propre initiative la bonne santé de l'enfant . Bizarre !  Hypothèse: les cris fréquents et stridents de      l' enfant en franchissant les murs, peut-être en passant par la lézarde aérante dont je vous ai déjà informé de l' existence, avaient peut-être éveillé des soupçons de maltraitance chez des voisins, c' est  vrai que         l' organe vocal était puissant et infatigable. Je me demandai bien à quel voisin je devais ce contrôle in sittu,  et je poussai la dame vers la porte en la priant in - promptu d' oublier mon adresse. J' avais deux voisines virulentes qui se livraient une guerre sans merci à  coup de lettres anonymes, un gendarme vint m' en présenter une où j' étais cité comme ayant reçu des menaces du fils de l' autre et qui disait "Demandez à l'instituteur..." je n' avais reçu aucune menace physique ou verbale,          je n' étais pas au courant de ces fabulations de commères, et je n' allais pas en inventer une pour plaire au gendarme qui me déclara que par peur de représailles je ne voulais pas avouer ces menaces.  Je reconduisis fermement le gendarme à sa camionnette et je le laissai là tout à fait convaincu de ma lâcheté. Je précise que j' avais reconnu l' écriture de l' écrivaine anonyme . Le sujet de ma chronique étant l' eau à l' école, avançons ! J' y pensais toujours à mon eau en imaginant des robinets, la nuit je tournais des robinets, je suis resté sept années avant de savoir ce  qu' est une eau arrivant toute seule dans une cuisine d' école. Pour éclairer la suite de mon récit, je suis obligé de faire un rappel des politiques suivies par les gouvernants de ce temps là qui vivaient très mal la laïcité de   l' enseignement public. Souvent,  comme maintenant, ils étaient issus des écoles confessionnelles à l' époque pour riches car elles étaient payantes et devaient assurer  leur propre financement dans l' esprit de  la loi de 1905 de séparation de  l' Eglise et de l' Etat. L' école publique était pour eux trop teintée de républicanisme militant.  On appliquait la formule " Ecole publique fonds publics, Ecole privée fonds privés" et c' était bien ainsi, chacun chez soi, instituteur à l' école, curé au presbytère ou à la sacristie, meunier au moulin etc..... Aucun dirigeant n' aurait osé comme le président de la République Nicolas S. proclamer en  s' agenouillanr devant le pape en qualité de chanoine du Latran que le curé est bien au-dessus de l' instituteur pour les valeurs morales inculquées aux enfants. Cet homme a parlé de façon  inconséquente ou irréfléchie avec un manque de tact, de délicatesse, et de respect pour ma fonction d' enseignant qui ont blessé ma dignité.  Rappel : Le titre de chanoine le plus important et le plus connu du président de la République française est celui de premier chanoine de la basilique Saint-Jean-de-Latran (l'une des quatre basiliques majeures de Rome, siège de l'évêché de Rome, dont l'évêque n'est autre que le pape), en vertu d'une fondation de Louis XI de 1482 renouvelée par Henri IV en 1604, qui en devint le premier chanoine en donnant à Saint-Jean-de-Latran l'abbaye de Clairac.  Il y a Aujourd'hui un chanoine divorcé, le président N S, premier cas certainement dans l'Église catholique romaine qui devient  bien laxiste. L' édifice public laïque semblait solide, il subit des agressions dont il ne se remit pas : la première fut la loi " Marie. Ne m'en veuillez pas de ces rappels, c' est pour mon eau à l' école, on va y arriver. 4 septembre 1951 : loi « Marie » du nom du ministre de l'Education Nationale : cette loi accorde des bourses aux élèves entrant en 6ème « suivant la volonté des parents, dans un établissement d’enseignement public ou d’enseignement privé ». Les élèves de l’enseignement public reçoivent déjà une bourse à condition de réussir au « concours des bourses . Elle est sans condition pour les élèves de l’enseignement privé ; c’est une subvention aux familles.   Deuxième dégradation : la loi Barangé 9 septembre 1951 : elle met à disposition de tout chef de famille une allocation de 1000F par enfant et par trimestre. Pour les élèves du public, l’allocation est mandatée directement à la commune puis très vite, à la caisse départementale scolaire gérée par le Conseil Général. Les fonds sont employés à l’aménagement, l’entretien, l’équipement des bâtiments scolaires. Il s’agit d’une aide aux communes car elles ont depuis longtemps l’obligation d’entretenir les écoles Pour les élèves du privé, l’allocation est mandatée à l’association des parents d’élèves de l’établissement, il s’agit donc d’une subvention aux établissements privés et les lois antilaïques se sont multipliées.  31 décembre 1959 : loi Debré : statut de l’enseignement libre , mise en place des « contrats simples". L’Etat  sous certaines conditions verse la totalité des traitements , la fiscalité et les charges sociales. L' allocation Barangé demeure et une somme forfaitaire est versée pour les établissements secondaires confessionnels . 7 avril 1971 : loi Pompidou : prorogation de la loi Debré et volonté du patronat d’intervenir dans le système scolaire (loi Royer)  15 novembre I977 : loi Guermeur ; elle garantit le maintien du « caractère propre » (religieux) des établissements privés ; elle prévoit le financement de la formation des enseignants du privé : il y a parité entre l’enseignement public et l’enseignement privé . 9 juillet 1984 : Loi Rocard , l’enseignement agricole bénéficie de la loi Astier ,comme pour                  l' enseignement technique industriel. 21 janvier 1985 : loi Chevènement  elle adapte les lois Debré à la décentralisation. 13 juin 1992 : les accords Lang-Cloupet aboutissent au versement de 1,8 milliard de F à l’enseignement privé , ils établissent la parité avec le public pour les personnels au nom du « droit et de la reconnaissance de la contribution de l’enseignement privé au système éducatif. » L'article 89 de la loi d'août 2004 étend aux écoles privées sous contrat d'association, l'obligation de participation financière des communes de résidence pour les enfants scolarisée dans une autre commune.  Je n' ai fait qu' un rappel de lois . "Le principe "Ecole publique, fonds publics, écoles privées fonds privés" est remplacé par :  A écoles dites "privées" et en particulier confessionnelles, prise en charge totale par l' Etat et par la région et par le Département et par les communes. Tous les partis politiques sont responsables de cette situation et Mitterrand plus narcissique    qu ' humaniste a bien vite capitulé en dépit de ses belles proclamations.Vous me suivez toujours  en dépit  de l' affirmation des convictions laïques que je suis en droit          d' affirmer ?  Si oui à  bientôt, si non au revoir et sans rancune.   Ce qui ne m' empêche pas d' avoir encore une fois et à l' occasion de ma quête obsessionnelle d eau au robinet, fait appel à mon voisin à soutane...comme  je vais le conter.

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